Lorsque l’intuition devient notre guide pour entreprendre

Il y a quelques mois, je découvrais une pépite sur le web qui me fit l’effet d’une météorite tellement elle était en phase avec mon état d’esprit. Cet article, 6 leçons de business que la vie m’a apprises, m’a touché car il reliait intimement la réussite d’une entreprise et sa pérennité aux ressources humaines que l’on y cultive et présentait l’entrepreneuriat comme un chemin de vie, à la découverte de soi et des autres, avec le souci constant de délivrer le meilleur.

Dans cet article Céline Boura y abordait l’importance de se fier à son intuition dans le développement de son entreprise. Un sujet passionnant qui méritait bien quelques développements. J’ai donc décidé de poursuivre la discussion avec la très inspirante fondatrice de l’agence et du blog Le luxe d’être soi, autour des ressources personnelles pour entreprendre.

[Sandrine Malet ] Quand je partage autour de moi le plaisir d’entreprendre, il revient toujours dans la discussion le « risque d’entreprendre », comme si c’était une activité extrêmement risquée. Est-ce un sentiment que tu partages ?

[Céline Boura] Quand on part du principe que vivre est un risque, alors entreprendre en est forcément un aussi. Tout dépend ensuite où on se place par rapport au risque. Est-ce que l’on s’arrête devant ou est-ce que l’on s’en sert pour le transformer en autre chose ?

Cette question ne s’élude pas du jour au lendemain. C’est le fruit d’une longue réflexion intérieure qui, un jour, abouti à un choix de vie. L’être humain est ainsi fait qu’il recherche le confort en priorité. C’est donc souvent à la suite d’un choc venu de l’extérieur bouleversant nos repères et habitudes, qu’on se remet en question et qu’on envisage son travail autrement. Pour ma part, entre le déclic et la concrétisation qui m’ont amené à créer en 2010 mon agence Le luxe d’être soi, il s’est passé 6 mois… mais avant il y a eu 5 ans de maturation !

Entreprendre, étymologiquement, signifie « prendre entre ses mains », et si l’on sent qu’on a en soi quelque chose à réaliser et que ça doit passer par la création d’une entreprise, tôt au tard cette « mission » nous rattrape. Ensuite dès qu’on goûte à l’entreprenariat, on met le pied dans un engrenage addictif : c’est le parcours du combattant, mais chaque pas en avant est une victoire sur soi. Se rendre compte qu’on est capable de se dépasser, et de créer de la valeur pour ses clients grâce à ça, c’est un vrai shoot d’adrénaline au quotidien !

A ton avis, entreprendre, est-ce une évidence pour tout le monde ?

Je crois qu’il y a certaines prédispositions, liées à une question de personnalité, où plutôt d’attitude face à la vie. Entreprendre, à la base, c’est choisir de créer sa vie, au-delà des moules dans lesquels la société veut à tout prix nous faire rentrer. Ca demande, il est vrai, de la force de caractère, de la patience, de la persévérance, et surtout de la conviction.

Personnellement je n’ai jamais cherché le confort ni la sécurité dans mes jobs salariés : je voulais avant tout me réaliser ! Trouver ma place, ce que pour quoi je suis faite. Dès que je n’étais plus en accord avec la ligne directive des entreprises dans lesquelles j’étais salariée, il fallait que je parte, c’était viscéral. Je me retrouvais toujours aux ASSEDIC avec un grand sentiment de liberté mêlé de peur, mais je pouvais enfin réorienter ma barque comme je l’entendais.

J’ai toujours su au fond de moi qu’une place m’attendait quelque part. Où, quand, comment, aucune idée, mais j’ai dû me rendre à l’évidence, à un moment charnière de mon parcours, qu’il fallait absolument que je me créé mon propre métier. Créer mon entreprise m’a permis de trouver ma place et mon utilité dans le monde. Mon parcours personnel et professionnel a été un très long chemin semé d’embûches, mais rétrospectivement je crois que la peur du vide a été mon meilleur moteur.

Ah oui, et quelles ont été tes autres moteurs ?

De la révolte contre beaucoup de choses en général, et contre une manière de penser et de travailler en particulier, qui ne convenait pas à la personne entière que je suis. Le besoin de remettre du sens et de la justice dans mon travail. Il m’a fallu 8 ans d’expériences en zigzags pour comprendre que mon énergie, mes valeurs et ma créativité seraient beaucoup plus bénéfiques à ma propre entreprise, et donc à mes propres clients.

C’est intéressant. Je réalise que mon moteur récemment était de relever des défis, de traiter des missions nouvelles qui me donnent l’occasion de sortir de ma zone de confort, de développer mes connaissances et d’apprendre sur moi-même. C’est satisfaisant dans l’immédiat mais parfois j’ai confondu la satisfaction immédiate de relever le défi avec la satisfaction bien plus essentielle d’avoir une activité qui ait du sens pour moi.

 

 

« Apprendre à se connaître, et ainsi à se faire confiance, est la meilleure manière d’aller plus vite et plus loin dans sa vie professionnelle.(…) Etre fidèle à soi-même fini toujours par payer. »


A ton avis Céline, y a-t-il des ressources particulières à mobiliser pour réussir ?

Oui, et la plus difficile de toutes : soi-même. Le plus gros investissement dans mon entreprise depuis mon démarrage en 2010, c’est mon développement personnel et professionnel. J’ai tout de suite compris que si je voulais me donner tous les moyens nécessaires pour réussir, j’allais devoir me dépasser et donc faire appel à des professionnels pour m’aider. Car je sais très bien où sont mes forces et compétences, mais aussi mes blocages et mes limites. Tout mon travail sur moi consiste à les repousser sans jamais aller contre ma nature profonde, et ça c’est mon intuition qui me dit : « vas-y » ou « ne va pas plus loin ».

Apprendre à se connaître, et ainsi à se faire confiance, est la meilleure manière d’aller plus vite et plus loin dans sa vie professionnelle, parce qu’on développe son acuité à capter les gens, les situations, à comprendre à qui se fier, comment donner, de quelle façon recevoir…

Lorsque je me suis retrouvée à devoir gérer seule mon entreprise et ma fille du jour au lendemain, le plus prudent aurait été de choisir la sécurité d’un poste salarié. Mais à trop chercher la prudence, on passe à côté de soi et de sa vie. Moi je n’ai plus rien à perdre, parce que j’ai déjà perdu ce que je croyais m’être vital, alors la seule chose qu’il me restait à suivre, c’était la voie que j’avais déjà commencé à tracer. Je n’ai jamais eu l’impression d’avoir le choix en fait : c’était ça et rien d’autre. Avoir zéro marge de sécurité, ça fait exploser toute illusion de zone de confort. On se découvre alors des ressources insoupçonnées, on comprend qu’il n’y a plus de temps à perdre pour prendre sa vie à bras le corps.

Et aujourd’hui c’est la seule chose qui m’importe : aller vers les projets et les opportunités qui ont du sens pour moi, et y aller à 300%. Mon business plan c’est d’être en accord avec moi-même, et ça marche ! Parce que j’ai appris une chose essentielle en cours de route : à arrêter de me faire la guerre, à m’écouter et à me respecter. Avant de demander ça aux autres, il faut déjà se l’appliquer à soi-même. Il se trouve que c’est mon métier, d’aider les entrepreneurs à développer leur activité en étant en accord avec eux-mêmes, donc la boucle est bouclée 😉

En me réalisant, je renforce ma sécurité intérieure. Les peurs, j’ai appris à m’en faire des alliées, elles ne me barrent plus le chemin. Je sais comment les prendre par la main pour avancer. Cela ne veut pas dire que je ne me pose plus de questions, au contraire, mais à chaque question répond une action. Etre acteur de sa réussite, ce n’est pas opposer la réflexion à l’action mais bien conjuguer les deux. Et toujours, toujours se remettre en question. On n’a jamais fini d’apprendre et de s’améliorer. Enfin, savoir s’entourer est primordial.

Tu évoques l’intuition qui te guide dans tes décisions professionnelles. Comment, justement, mieux utiliser son intuition dans le développement de son business ?

Je remarque souvent que l’on confond l’intuition avec l’émotion ou le désir. Si je devais définir l’intuition, je dirai que c’est ce que le corps ressent avant que le cerveau ne l’ait analysé. Pour ma part, j’ai toujours été une personne intuitive mais c’est seulement cette année que j’ai réalisé que c’était un atout de taille pour gérer son business.

Notre intuition sait déjà pour nous où il nous faut aller, comment, avec qui, mais pour ça il est indispensable de 1. Savoir la discerner, 2. Lui faire confiance, 3. Avoir le courage de la suivre. Très déstabilisant pour nos cerveaux cartésiens ! Mais c’est seulement en conciliant logique et intuition qu’on peut exploiter à fond ses capacités.

As-tu un exemple d’intuitions qui ont pu te guider dans ton parcours?

Spontanément, je pense aux trois partenaires qui m’accompagnent sur la formation que j’ai lancée en 2012. J’attache une grande importance aux détails parce qu’ils racontent beaucoup de choses d’une personne, au-delà de ses mots. Quand les détails et la parole sont alignés, je sais que je peux accorder toute ma confiance. Dans le cas de mes partenaires, ce fut pour l’un son regard, pour l’autre sa voix et encore pour l’autre ses chaussures, qui m’ont convaincue qu’on avait une collaboration à mener ensemble, alors qu’on se connaissait à peine. Il se trouve que leurs propos et leur expertise étaient complètement raccord avec ce que j’avais perçu dans ces « détails ».

A quoi te fies-tu exactement ?

« Je le sens » est vraiment l’expression appropriée. Et c’est intéressant de chercher à identifier où se situe cette sensation dans le corps. Quand « je ne le sens pas », c’est comme si une odeur ne passait pas. L’expression « ça sent le roussi » prend tout son sens ! (rires). A contrario, quand « je le sens bien », cela se situe au niveau du cœur. Un réchauffement qui m’indique que je suis sur la bonne voie.

Cette année écoulée, je dirai que je n’ai pas seulement saisi des opportunités de développer mon business, mais plutôt j’ai senti ou pas certaines opportunités qui se sont présentées. Et mes sens ne m’ont pas trompé.

Oui, en fait tu réanimes cet instinct animal que nous avons tous en nous depuis la nuit des temps.

Oui, c’est ça. Mes clients sont aussi des personnes très intuitives et je trouve passionnant de rendre concret cet abstrait qui nous échappe, et pourtant détermine un tas de choses dans la façon de gérer une entreprise. Pourquoi et comment on va aller vers tel projet, telle opportunité, tel type de client et pas d’autre, tout ça est inscrit en nous bien souvent à notre insu.

Une cliente m’a dit récemment « Je fais tout au feeling, mais jamais rien au hasard » et c’est exactement la façon dont je mène mon business et ce à quoi j’amène mes clients. Je ne les aide pas à développer leur intuition, parce qu’ils en ont déjà, mais à s’autoriser à la prendre en compte pour faire des choix qui leur correspondent.

Une fois qu’on a travaillé à polir leur axe, à définir leur identité, on peut travailler sur la mise en mots et en image de leur activité de façon fluide et cohérente. Parce que quand on est à sa place, la direction à prendre devient claire et l’image que l’on renvoie est limpide. La forme, ce n’est que le fond qui remonte à la surface…

Quand on a du mal à passer un cap dans son activité, c’est souvent parce qu’il nous manque ce fil conducteur, le socle qui nourrit la vision et indique la direction à prendre. Plus on est aligné avec soi-même, mieux fonctionne l’entreprise sur la durée sans s’essouffler. Parce qu’on est connecté à son énergie vitale, celle qui nous ressource, nous rend magnétique et nous donne du carburant pour faire face à n’importe quelle situation.

Oui, d’ailleurs je remarque également à travers mon activité que trouver son axe, ce fil conducteur, est un premier travail, mais l’entretenir dans le temps en est un autre. C’est ainsi que certaines entreprises ont une communication qui arrive à être en décalage avec ce qu’elles sont vraiment.

Trouver son positionnement prend du temps et évolue au fil du temps. A un moment donné de son activité, il faut savoir prendre ce temps. On le fait rarement quand on se lance car la priorité est bien souvent dans la rentabilité économique immédiate. Mais quand on peine à se développer, c’est qu’il manque des maillons quelque part, et prendre le temps de revenir à ses fondamentaux s’avère indispensable.

J’ai remarqué qu’en 2012 tu t’es lancée dans de nombreuses activités qui ne sont pas forcément évidentes : de la formation, des prises de paroles en public. Comment as-tu décidé de te lancer ces nouveaux défis ?

J’ai toujours eu envie de faire de la formation mais je ne savais pas par quel bout le prendre. Et en décembre 2011, alors que j’étais en vacances à La Réunion, j’ai fait un rêve qui m’a montré la voie. La formation devait se tenir sur plusieurs jours et s’étaler sur plusieurs mois. J’ai eu le déclic : une formation sur la durée, c’était donc ça le maillon qui me manquait ! C’est devenu d’une évidence folle, et quand je suis rentrée en France j’ai monté cette formation complexe d’une seule traite. Et je n’ai eu aucun mal à trouver les clients prêts à s’engager sur un travail au long cours sur la mise en valeurs de leur entreprise.

C’est ça mon mode de fonctionnement : j’observe, je ressens, j’analyse, je laisse mijoter… et quand j’ai le déclic, j’y vais, je fonce sans me retourner. Du coup mon temps de travail est productif et efficace. Et c’est sur ce crédo que s’est déroulée pour moi cette dernière année.

Oui, les rêves sont souvent révélateurs en ce sens qu’ils expriment et associent un ensemble d’observations de la période consciente. Finalement, on pourrait aussi dire que cultiver son intuition, c’est apprendre à observer le moindre détail. Pour moi, l’intuition est le résultat d’une observation très fine de son environnement. On récolte un maximum d’indices et ensuite « on sait » au fond de nous à quoi se fier.

Oui, et j’ajouterai que l’écoute de son intuition permet de concilier 2 notions qu’on croit opposées alors qu’assemblées elles décuplent tous les possibles : qualité et productivité. Il n’y a aucune baguette magique, aucune recette miracle pour réussir. Mais je crois que ne pas contraindre sa nature profonde et savoir travailler en respectant ses valeurs, ses besoins et son rythme est une clé centrale pour développer son entreprise avec cohérence et efficacité.

Etre fidèle à soi-même, ce n’est pas de tout repos, ce n’est pas la facilité… mais ça finit toujours par payer !

 

Inutile de vous dire au combien ce sujet est d’actualité. Dans quelques semaines, la Tribu suit son intuition, change de nom et poursuit sa route pour toujours mieux vous servir dans le respect de ses valeurs. D’ici là restons connectés, ensemble et surtout à nous même !

 

© Nadine Court, Elena Ray

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Passionnée par la communication interpersonnelle et les dynamiques de groupe, Sandrine Malet met son expérience du management d’équipes projet et sa pratique de facilitatrice en intelligence collective au service des entreprises et de leur transformation. Après un parcours de 15 ans dans les métiers de la communication, elle accompagne aujourd’hui des équipes dans leurs évolutions stratégiques en favorisant l’émergence de solutions innovantes, solides et partagées.